85 MILLIARDS D'EUROS POUR SAUVER L'IRLANDE ET APRES ?

Publié le par Catherine LEININGER

L'Irlande a dit oui au plan de soutien financier de l'Europe et du FMI qui vise à sauver ses banques et réduire son déficit budgétaire. Cela ne se fera pas sans contrepartie, l'Irlande a mis en place un plan de rigueur, condition sine qua non pour obtenir l'aide de l'Union européenne.

 

Après la Grèce cet été, c'est donc un deuxième pays qui a besoin d'être secouru. Cela suffira t-il à endiguer l'effet domino que certains économistes, membres de gouvernements et Chefs d'Etat redoutent ? Les Etats qui se portent caution de la dette irlandaise n'auront-ils pas besoin à leur tour d'une aide financière ?  Pourrons-nous continuer à subventionner d'autres pays en difficulté ? Les Etats secourus auront-ils la capacité de rembourser leurs dettes ?

 

En attendant, ce sont les irlandais qui vont passer sous les fourches caudines du plan de rigueur gouvernemental : 15 milliards d'euros à économiser en quatre ans, le déficit devra être ramené de 32% à 3% en 2014 comme le prévoit le pacte de stabilité européen. Objectif réaliste et réalisable ?

 

Le gouvernement irlandais ne compte pas revoir le taux d'imposition des sociétés présentes sur son sol " ce n'est pas le moment de faire fuir ces entreprises car cela aggraverait la situation économique du pays ", d'autant plus que le salaire horaire des irlandais va être revu à la baisse, qu'ils sont actuellement confrontés à un taux de chômage conséquent, que les prestations sociales seront revues à la baisse tout comme les effectifs de la fonction publique.

 

Par ailleurs, il est affligeant de constater le peu de cas que font, les politiques en général, de l'aspect humain de cette crise qui apparaît comme secondaire au regard de la priorité donnée au seul point de vue économique et forcément abstrait. Il serait intéressant d'en interpréter aussi le coût humain.

 

S'il est vrai qu'il est nécessaire de sauver les banques et par voie de conséquence les dépôts des clients, il est inadmissible que des systèmes de garantie, qui obligeraient la profession à des conduites vertueuses, ne soient toujours pas mis en place. Il faudrait s'attaquer également aux spéculateurs de tous poils et aux marchés qui font  payer à l'Irlande le prix fort de son endettement en lui proposant des taux prohibitifs et irrationnels qui lui interdisent, de redresser son économie, stabiliser son système bancaire, l'obligeant à recourir aux aides européennes.

 

Les marchés seront-ils pour autant rassurés ?

Cela ne semble pas être le cas, toutes les bourses européennes sont à la baisse en cette fin de journée et les agences de notation menacent de dégrader à nouveau la note souveraine de l'Irlande.

 

Ne soyons pas exagérement naïfs mais simplement lucides. Si l'Europe porte secours à l'Etat irlandais, c'est aussi parce que toutes les banques européennes sont exposées à hauteur de centaines de milliards d'euros à la crise de la dette de l'Irlande, de la Grèce, de l'Espagne, du Portugal et plus généralement, elles sont toutes adossées aux créances des unes et des autres. Avons-nous d'autres choix ??

 

Tous les Etats européens ont mis en place une politique d'austérité, visant à réduire leurs déficits publics, qui arrive au plus mauvais moment car hormis l'Allemagne qui reste l'économie la plus en forme, la reprise économique européenne n'est pas au rendez-vous, la compétivité de l'Europe est en berne, le chômage est toujours à un niveau élevé, la demande domestique est impactée. Dans ces conditions, on voit mal comment les Etats vont pouvoir dégager de nouvelles marges de croissance.

 

 

Publié dans Economie

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