KARACHI : LES PROTAGONISTES AU SOMMET DE L'ETAT

Publié le par Catherine LEININGER

 

Une vente de sous-marins au Pakistan en 1994 est à l'origine de ce qu'on appelle " l'affaire Karachi " depuis l'attentat du 8 mai 2002 à Karachi au Pakistan où onze français, employés de la DCN, ont trouvé la mort. L'enquête sur cet attentat s'est, dans un premier temps, orientée vers la piste AI-Quaïda puis a évolué vers une affaire de corruption présumée au plus haut sommet de l'Etat.

 

En 2008, des perquisitions menées dans les locaux de la DCNS, anciennement DCN, dans le cadre d'une enquête pour d'éventuels faits de corruption relancent la piste d'une affaire d'Etat. l'attentat aurait été commandité en guise de représailles pour obtenir le versement de commissions promises mais jamais perçues.

 

En France, en septembre 1994, on est à quelques mois d'une campagne présidentielle qui opposera les candidats des deux grandes familles de la droite : J. Chirac, Président de la République et E. Balladur, Premier Ministre. La rivalité entre deux clans dans les années 90, les Chiraquiens et les Balladuriens, est de notoriété publique.

 

E. Balladur paraît être le personnage central, il est soupçonné de financer sa campagne électorale par un système de rétrocommissions ( illégales ) sur le contrat de vente des sous-marins français. Par ailleurs, les relevés bancaires du compte de l'Association pour le financement de la campagne d'E. Balladur montrent l'existence d'un dépôt de 10 millions de francs (1.5 million d'euros ) versé en liquide en une seule fois le 26 avril 1995.

 

F. Léotard, Ministre de la défense lors de la principale phase de négociation du contrat, est au coeur de l'affaire Karachi, il a confirmé ne pas avoir eu connaissance de la négociation des FCE ( frais commerciaux exceptionnels qui existèrent jusqu'en 2000), compte tenu de ses multiples responsabilités.  F. Léotard a indiqué savoir que des intermédiaires étaient reçus au ministère de la défense mais que " c'étaient les membres de mon cabinet : F. Lépine, directeur du cabinet, H. Morin, R. Donnedieu de Vabres, le général Mercier qui les recevaient  ".

 

R. Donnedieu de Vabres a imposé deux intermédiaires et des commissions supplémentaires dans les contrats signés avec le Pakistan et l'Arabie Saoudite. Selon l'audition du député B. Cazeneuve, rapporteur en mai 2010 devant la Commission de la Défense Nationale et des Forces Armées,  ces FCE ont été négociés en deux étapes : la première, dès le début de la négociation, avait abouti à s’accorder sur un pourcentage représentant 6,25% du contrat, les destinataires étant des personnalités politiques pakistanaises; la seconde, vers mai ou juin 1994, avec l’irruption soudaine et plus qu’étrange de MM. al Assir et Takieddine, à la demande du cabinet du ministre de la défense, qui a conduit à ajouter 4% de commissions supplémentaires. Le paiement a emprunté deux circuits différents, celui de la SOFMA pour les 6,25% de FCE susmentionnés et celui de  Mercor Finance via Heine pour les 4% " . " Il résulte de nos auditions que des intermédiaires - MM. al Assir et Takieddine - ont été imposés au terme de la négociation à la demande de M. François Léotard quand il était ministre de la Défense, ce qui, aux dires de plusieurs personnes auditionnées, était inhabituel. 6,25% de FCE ont été versés aux intermédiaires par le canal de la SOFMA et 4% - négociés en dernière minute - ont été attribués au réseau K de MM. al Assir et Takieddine

 

N. Sarkozy, Ministre du budget, porte-parole du gouvernement Balladur et son directeur de campagne, est soupconné dans un rapport de la police luxembourgeoise, d'avoir autorisé la création de sociétés écran basées au Luxembourg, chargées de traiter les commissions entre l'Etat français et deux intermédiaires : Takieddine et Raman-el-Assir.  "Un document (...) fait état de l'historique et du fonctionnement des sociétés Heine et Eurolux. Selon ce document, les accords sur la création des sociétés semblaient venir directement de M. le Premier ministre Balladur et de M. le ministre des Finances Nicolas Sarkozy  ".

 

B. Hortefeux, directeur de Cabinet de N. Sarkozy, il a admis connaître Ziad Takieddine, un des deux intermédiaires, et avoir été invité dans sa villa du Cap d'Antibes.

 

F. Bayrou, Ministre de l'Education nationale en mai 1995, n'a à priori rien à faire dans cette affaire. Il vient d'être néanmoins cité par son ancien ami, H. Morin, qui insinue qu'il " aurait peut être lui aussi un secret défense ". Les deux centristes appartenaient à la grande famille de l'UDF, principal partenaire d'E. Balladur.

 

J. Chirac, ancien Présient de la République : 1995-2007

 

C. Millon, Ministre de la Défense de 1995 à 1995, il fut chargé de mettre sur écoute les proches de F. Léotard pour trouver trace de l'existence de rétrocommissions. Auditionné par le juge Van Ruymbeke, il informe que la France a mis fin aux versements de commissions sur les contrats de sous-marins et d'armes " parce qu'on a eu l'intime conviction qu'il y avait rétrocommissions ".

 

D. de Villepin, secrétaire général de l'Elysée en 1995. C. Millon était en relation directe avec lui et l'informait de leurs investigations. Fin de certains contrats et des versements de commissions. Les familles des victimes estiment que la suspension des versements a provoqué l'attentat de Karachi.

 

B. Accoyer et J.L. Debré se sont opposés à la transmission de documents utiles à la compréhension de ce dossier.

 

De nombreux élus réclament aujourd'hui la levée du " secret défense " sur l'ensemble des documents détenus par l'Etat.

 

 

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C
<br /> <br /> Rectification :<br /> <br /> <br /> N. Sarkozy n'était pas Directeur de campagne d'E. Balladur lors des présidentielles de 1995 comme l'affirme Wikipédia ( je me suis contentée de reproduire l'information donnée par ce site ).<br /> <br /> <br /> Voici les informations rectifiées :<br /> <br /> <br /> Directeur de Campagne : Nicolas Bazille<br /> <br /> <br /> Trésorier : René Galy-Dejean<br /> <br /> <br /> Porte-Parole : Nicolas Sarkozy<br /> <br /> <br /> <br />
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